Fonctionnement

Nous sommes les Soulèvements de la terre

🔥🔥 Déjà 157596 signataires au 15/11/2023🔥🔥

Nous nous soulevons, chacun.e depuis notre endroit, chacun.e à notre manière. Le mouvement des Soulèvements de la Terre ne peut pas être dissout car il est multiple et vivant. On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte.
Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre pour rendre caduque cette tentative d’étouffement. Nous sommes, toutes et tous ensemble, les Soulèvements de la Terre.

Préambule

Les Soulèvements de la Terre sont nés il y a maintenant 2 ans et demi et ont mené depuis une série d’actions de convergence nationale, souvent en lien et en appui direct avec des luttes locales. L’émergence récente, notamment en réaction à la menace de dissolution, telle que nous devons à nouveau la réaffronter, de plus de 180 comités locaux amène à faire évoluer le cadre d’action qui a été jusqu’ici celui des Soulèvements de la Terre. Nous tenions tout d’abord ici à remercier très fortement les comités qui se sont créés à cette occasion et par la suite. Si les Soulèvements n’ont toujours pas été dissous et continuent à appuyer un certain nombre de mobilisations depuis, c’est notamment grâce à vous : nous pouvons déjà lire ici l’importance, pour le mouvement, d’un maillage territorial dense. Le comités locaux sont des espaces essentiels pour appuyer, alimenter, coconstruire les actions de convergence hexagonale qui prennent forme lors des différents ‘actes’ (fonction de ‘groupes-relais’ locaux de la saison, de la campagne d’action en cours, organisation de soirées de présentation publique des différents actes, appui à la dynamique ‘base arrière’, participation aux coordinations où se structurent les mobilisations…), mener des enquêtes de terrain et un travail de veille écologique et foncière sur chaque territoire (identifier des cibles logiques, les alliances à tisser, les alternatives territoriales sur lesquelles s’appuyer), ouvrir des espaces de rencontres, de débats, d’autoéducation populaire… Mais le bouillonnement politique et le désir d’agir que traduisent les échanges actuels avec et entre les comités amènent aussi à ouvrir à la possibilité que ceux-ci puissent décider de manière autonome d’action locale ou régionale des Soulèvements de la Terre en plus du calendrier national (de la ‘saison’). L’idée de ce texte est de poser les premières bases pour ce nouveau type, ce nouveau ‘plan’ d’action, plus décentralisé, afin de lui donner une consistance élaborée

en commun.

Ce texte fait suite à de précédents documents déjà mutualisés (par exemple à la brochure ‘que faire quand on a créé un comité local des Soulèvements de la Terre ?’ écrit par le comité rennais : https://lessoulevementsdelaterre.org/comites/que-faire-quand-on-a-cree-un-comite-local-des-soulevements-de-la-terre) ainsi qu’à différents temps de discussions et d’échanges intercomités.

L’enjeu est important, car aux actions décidées en assemblées de mouvement lors des interludes, vont et se sont à vrai dire déjà ajoutées – et c’est heureux – d’autres actions décentralisées choisies directement depuis les comités locaux. Les exemples de ces actions qui ont déjà été portés par des comités locaux sont multiples : du rassemblement de soutien dans la phase ‘contre-dissolution’ à l’organisation de manifestations et moments locaux de mobilisation contre un projet écocidaire, en passant par l’organisation de cortèges ‘soulèvements de la terre’ dans les manifs contre la réforme des retraites, la pose de banderoles sur des mairies, des actions de tags en petits groupes…. Il est donc primordial d’ouvrir une discussion sur les modalités très concrètes qui rendent possible l’inscription d’actions décentralisées et autonomes portées depuis les comités locaux dans la dynamique plus ‘générale’ des Soulèvements de la Terre : de dessiner quelque chose comme un horizon d’action commun où ces gestes puissent résonner pour participer à construire un rapport de force plus global, et éviter l’écueil de la perte de sens politique et d’une retombée dans la dispersion de nos forces.

Les modalités d’action décrites ici, qui dessinent des perspectives transversales pour notre mouvement et le singularisent, ne sauraient être une charte définitive, gravée dans le marbre, et ne visent nullement à limiter ou brider des désirs d’action collective ici et maintenant depuis chaque territoire, mais doivent plutôt être lues comme des repères collectifs communs, très certainement amenés à évolués au fur et à mesure de la vie du mouvement.

Il s’agit surtout de bâtir une culture commune de résistance aux ravages industriels en cours, d’un appel à intensifier nos liens. Organiser une action est toujours un pari, un défi plein d’imprévus. Il faut un peu de folie pour se lancer et pas mal de persévérance et d’endurance pour aller jusqu’au bout : de ce point de vue, il paraît décisif, primordial, que l’autonomie des comités locaux ne signifie jamais leur isolement de la dynamique plus générale du mouvement, que les actions puissent être co-construites à plusieurs échelles, qu’elles puissent faire le plus possible l’objet d’échanges, de débats, d’entraide, d’allers-retours (entre comités à différentes échelles territoriales, entre la dynamique intercomités et la dynamique interludes, entre comités et commissions des SDT…), et ce afin de les enrichir de nos expériences respectives, de dépasser nos points aveugles, de dresser des ponts entre nos différentes situations…

Ce texte commence à décrire le cadre actuel des actions des Soulèvements. Afin que nous partions d’une base commune de compréhension du mouvement, de sa jeune histoire. En deuxième partie, il pose les premiers jalons pour des actions des comités.

I – Le cadre actuel d’actions des Soulèvements de la terre

a) Quels thèmes ? Quelles lignes politiques questionner par nos actions ?

Les actions des soulèvements de la terre se déploient sur certains enjeux politiques spécifiques :

  • l’artificialisation des terres;
  • l’accaparement des terres par l’agro-industrie;
  • la question de la défense et du partage de l’eau, qui a pris chemin faisant une consistance de plus en plus importante dans un certain nombre de mobilisations des soulèvements de la terre;

Nous ne pensons pas, loin de là, que ce soient les seuls axes pertinents, prioritaires ou sur lesquels il nous semble urgent d’agir dans le champ politique. Mais cela répond à une volonté de tirer la pelote du front écologique et social par un certain fil, avec ses transversalités, et d’y concentrer des énergies en vue de produire un certain nombre de bouleversements. Depuis la saison 1, nous constatons également que ces thèmes ne sont pas enfermant, mais sont suffisamment larges pour lier nombre de luttes locales (béton, projets inutiles, routes et LGV, pesticides, extractivisme, tous les méfaits de l’agro-industrie, etc.). Nous n’avons pas été au bout de ces grands thèmes et nous savons que d’autres angles d’attaques sont possibles, par exemple par l’arrivée des comités locaux des grandes métropoles dans le mouvement, qui devraient apporter de nouveaux questionnements et de nouvelles perspectives plus spécifiques aux espaces urbains.

Nous partons de la question de la terre parce qu’elle nous apparaît comme forcément transversale « La terre, l’enjeu de ses usages et de son partage, des manières de la choyer et de la travailler, voilà bien une question politique cruciale. Elle se situe à la croisée de la question sociale, de la question écologique et de la question coloniale. Question sociale, parce que nous avons besoin d’arracher la terre aux mains de ceux qui la concentrent et l’exploitent aveuglément, de bâtir des espaces où réinventer la vie, de retrouver les moyens de notre subsistance pour ne plus être dépendants de bullshit jobs, de l’extraire des imaginaires réactionnaires. Question écologique parce que nous avons besoin de la protéger face au béton, de défendre les terres agricoles et des lieux où la libre floraison et la vie animale ont encore leur place. Question coloniale, parce que les ex-colonies sont les premières à subir les conséquences désastreuses d’un mode de vie métropolitain et consumériste qui détruit la subsistance et l’autonomie paysanne dont les populations du Sud dépendent encore majoritairement ; parce que la richesse de l’occident se fonde encore et toujours sur le pillage de leur sol. »

b) Nos formes d’interventions

Convenons d’abord que l’intervention est au cœur du projet des soulèvements de la terre. Ceci comme l’affirmation que l’action ne saurait être l’apanage des gouvernements ni donc que notre action n’aurait de légitimité qu’à les alerter, qu’à chercher la visibilité. Nous pensons fermement qu’il est plus que temps de nous emparer des désastres et de ne pas attendre d’autorisation pour les mettre à l’arrêt. Ces actions ne se font pas cependant sans un souci de comprendre le milieu au sein duquel nous intervenons. En cela il s’agit toujours de viser dans la profondeur, dans le temps, dans la détermination d’une sortie du ravage. Les formes d’interventions des Soulèvements de la terre sur ces différents sujets sont:

  • l’occupation de terres c’est-à-dire, le fait d’investir des zones humides, prairies, forêts ou terres agricoles menacées d’artificialisation ou d’accaparement agro-industriel. Ces occupations peuvent se traduire par des mises en culture, des installations d’espace de vie, de jeux, d’organisation qui permettent de s’y relier plus densément, de les défendre face aux tractopelles, de permettre l’installation de paysan·nes en lieu et place d’un agrandissement d’une exploitation agro-industrielle ;
  • le blocage c’est à dire la suspension plus ou moins longue d’une activité directe de ravage. Rendre muette une autoroute, empêcher l’accès à un site industriel, stopper un chantier : le blocage grippe les flux ;
  • le désarmement, c’est à dire la mise a l’arrêt ou le démantèlement d’infrastructures ou chantiers responsables du ravage écologique par des gestes qui permettent une neutralisation plus ou moins durable de ces dispositifs.

Elles se situent dans une recherche de formes d’actions dans lesquelles le plus grand nombre de personnes possibles puissent participer du geste d’intervention. Cela ne signifie pas que nous dédaignons l’importance et la complémentarité d’autres formes d’actions, qu’il s’agisse de recours juridiques, campagnes d’information, happenings symboliques ou de sabotages diurnes ou nocturnes menés en petit groupe dans la plus grande discrétion.

Mais cela vient marquer le fait que nous croyons nécessaire et urgent de réintroduire dans le champ d’action politique une habitude de manifestions/actions qui aient un impact direct sur leur objectif avec une large participation. C’est dans cette recherche là que se situent les actions (mises en places et revendiquées par) des Soulèvements de la terre.

Soulignons aussi que si ces 3 formes d’actions (blocage, occupation, désarmement/démantèlement) dessinent une sorte de typologie des gestes politiques fondamentaux de notre mouvement, elles ne sont pas son apanage, mais sont pratiquées, comme une sorte de nouvelle grammaire contestataire populaire, par des franges de plus en plus massives des mouvements sociaux et écologiques et des luttes locales un peu partout sur le territoire. En ce sens, nous recommandons vivement aux comités locaux d’aller, autant qu’ils le peuvent, à la rencontre de tous les sujets en lutte de leur territoire qui partagent ces pratiques afin de coconstruire ces actions et de franchir ensemble des obstacles que nous rencontrons.

c) le rythme et le choix: saisons et interludes

Les actions des Soulèvements de la terre se déclinent en actes dans le cadre de saisons. Parfois l’accent est mis sur certaines lignes thématiques sur plusieurs mois pour les rendre plus visibles (béton, route). Nous avons aussi la volonté de ne pas lâcher ces thématiques après coup (éviter le ‘one shot ‘ qui fait retomber les luttes locales dans l’oubli) et de revenir, saison après saison, sur un certain nombre de terrains de lutte concrets (Saint Colomban et les carrières de Sables, les mégabassines, la défense du jardin des Vaites, etc.)

Une attention particulière est mise à ce que chaque acte soit un moment marquant de la lutte auquel il participe. Le rythme en actes et en saison permet de concentrer les forces. L’idée étant de prendre le temps pour réaliser des mobilisations importantes plutôt que se disperser sur tous les fronts. Le minutieux travail de terrain qu’effectue chaque lutte et chaque collectif est indispensable et à bien des égards quasi héroïque. Les Soulèvements de la terre sont un outil complémentaire, qui essaie d’accompagner les luttes là où seules elles rencontrent des blocages, et n’ont parfois que leur localité pour écho.

Les quelques actions de convergence hexagonale qui constituent une saison des Soulèvements de la terre sont décidées 2 fois par an lors d’assemblées nommées interludesY participent des représentant.es de luttes et de comités locaux des Soulèvements de la Terre.

Le choix des actions hexagonales dépend de différents critères :

  • moment charnière – démarrage de chantier, risque de destruction imminent, et épuisement relatif d’autres modalités de lutte;
  • nécessité de faire converger des forces plus larges que celles déjà réunies au niveau local pour faire monter d’un cran une lutte locale en termes de modalités d’actions ou de visibilité;
  • proposition portée par une coordination locale qui réunit différents types d’acteurs ;
  • capacité des groupes locaux de partager la prise en charge de ces actions avec la coordination nationale ;

Elles se situent dans une volonté d’emporter un certain nombres de victoires très concrètes – terres préservées, arrêt de certains projets – tout autant que de s’inscrire dans la montée en puissance d’un rapport de force global face aux politiques et entreprises responsables du ravage écologique et social.

Les propositions d’actions de convergence hexagonale font l’objet d’envois à l’espace de suivi et coordination intercomission et d’une série d’échanges et rencontres préalables à l’interlude. Elles sont ensuite présentées en interlude et mises en débat dans le cadre d’une assemblée plénière. Elles sont également travaillées en plus petits groupes entre des membres des luttes et collectifs locaux et des personnes des commissions (légal, communication, appui des mobilisations, logistique, liens avec les comités, liens internationaux, etc.). Ces moments de travail permettent de déterminer si assez de personnes sont prêtes à s’engager pour la prochaine saison dans la construction de l’acte et si c’est bien le moment.

C’est pour ces raisons que la décision des actions retenues pour la saison 5, revient ensuite aux personnes déjà impliquées dans les différentes commissions des Soulèvements de la Terre. Afin d’assurer le meilleur suivi possible et ne pas prévoir d’actions que nous n’aurons pas les forces de porter. Pour être tout à fait honnête, les Soulèvements ont régulièrement été limités dans leur capacité à appuyer les luttes. Les comités, en raison de leur maillage territorial plus important, aideront sûrement là où l’organisation actuelle peut être défaillante. C’est pour cette raison que nous avons plusieurs fois invité les comités à rejoindre les coordinations pour les actes de la saison 5.

Les commissions des Soulèvements de la terre – légal, communication, appui des mobilisations, liens avec les comités, liens internationaux – peuvent être rejointes lors de moments dédiés de l’interlude.

d) composition

Les actions se construisent ensuite dans une certaine attention à ce que nous nommerons composition, c’est à dire au désir de faire avec des groupes, avec des mondes, qui ont des pratiques d’actions, des imaginaires, des cultures politiques différentes : l’attention à la composition, au sens où nous l’entendons, exige donc non seulement de faire de la place à une diversité de pratiques, de modes d’engagement, de sensibilités, mais aussi de ne pas se contenter de leur simple juxtaposition, qui les laisserait morcelés et isolés, et de chercher à élaborer des formes, des situations qui permettent de les articuler, de penser leur renforcement mutuel, leur entrée en synergie. Cette attention se traduit donc par une culture du tact et du décentrement, par une capacité à se laisser altérer et à apprécier réellement ce que ces autres pratiques peuvent apporter et jouer en terme de complémentarité. Elle est une appréciation du parcours commun nécessaire pour établir un rapport de force ancré dans un territoire.

La composition pousse donc à une capacité pragmatique à adapter les modalités d’action à chaque situation. Elle se défie de fétichismes identitaires et de copié-collé décontextualisés.

En ce qui concerne l’interaction entre les groupes locaux et l’appui national, la décision du cadre d’action doit être l’objet d’une élaboration commune. La primauté de la décision revient cependant aux groupes locaux qui sont les premiers impliqués et concernés par les conséquences des actions menées.

II Vers des actions locales des Soulèvements de la terre initiées par les comités

a) une myriade d’actions

Voici où nous sommes après 5 saisons. Cette organisation avec des actes décidés en Interludes, des commissions qui fonctionnent tout au long de la saison, et des coordinations d’actions pour mener à bien les actions va continuer.

Mais l’émergence  des comités locaux et les échanges qui ont lieu depuis lors nous amènent à penser d’autres types d’actions. Plus de 170 comités, cela veut dire que les Soulèvements de la terre sont devenus un mouvement capable de se déployer sur tout le territoire. Nous l’avons d’ailleurs déjà vu, en avril lors des rassemblements contre la dissolution. Nous l’avons également éprouvé le 7 juin. Plus de 30 rassemblements ont été organisés en moins de deux jours.

À partir de cette multiplicité, on peut commencer à rêver et s’atteler à mettre en œuvre des alliances entre des actes nationaux et des actions locales. Partout sur le territoire les industries qui nous empoisonnent sont présentes. On peut imaginer un ‘acte’ de chaque ‘saison’ qui prendrait la forme d’une journée d’actions décentralisées portées par les comités avec un objectif de lutte commun. On peut également imaginer des actions régionales, portées de concerts par plusieurs comités locaux et qui créent un nouveau niveau (‘hors saison’) dans le registre d’actions des Soulèvements. On peut plus simplement penser à des actions, coorganisés avec des luttes locales, permettant ici une reprise de terre, là l’occupation d’une institution, ou encore le blocage d’une entreprise porteuse d’un projet à foutre à la poubelle.

C’est pourquoi il nous semble aujourd’hui désirable pour la dynamique du mouvement qu’en plus des quelques actions de convergence hexagonale des actions locales et régionales puissent être mise en œuvre par les comités locaux des Soulèvements.

b) quels repères pour organiser ces actions ?

Ces actions pourront être portées comme une action des « soulèvements de la terre » suivi du nom du périmètre géographique qui la mise en place – que ce soit un hameau ou une région – à partir du moment elle rentre dans le cadre d’action décrit plus haut et en particulier ces 3 leitmotivs :

  • une action qui touche à l’accaparement ou l’artificialisation des terres ou la défense de l’eau;
  • un forme d’intervention directement impactante de type occupation, blocage ou désarmement qui puisse être mise en œuvre et assumée de la manière la plus collective possible ;
  • une attention à la composition, au tissage d’alliances entre différents sujets collectifs, dans la construction de cette mobilisation.

c) quel lien avec le reste des Soulèvements et quelle autonomie des comités ?

A partir du moment où des actions menées par un comité rentrent dans ce type d’enjeux, de formes et d’attentions, nous voulons pouvoir autant que faire se peut leur assurer un relais sur les canaux de diffusion hexagonaux des Soulèvements de la terre ainsi qu’un appui légal en cas de coups dur. Ce socle d’engagement peut, suivant les énergies disponibles, s’accompagner d’une somme d’autres appuis : espaces de formations, conseils et échanges de contacts en lien avec les commissions des Soulèvements de la terre et les différents autres comités locaux… L’idée est néanmoins que les actions locales des Soulèvements de la Terre s’organisent avec la plus grande autonomie possible. En ce sens, nous invitons chaque comité à s’appuyer d’abord sur le milieu qui l’entoure, sur les outils militants locaux déjà existants sur son territoire (ou à les construire quand cela est possible) afin d’établir des liens avec les collectifs anti-répression (voir par exemple : https://rajcollective.noblogs.org/), de mener des ateliers sur la sécurité informatique, de connaître les relais médiatiques locaux possibles, d’inviter les autres collectifs et luttes amies aux actions, dès la préparation quand c’est possible… Les appels de chaque groupe sont ainsi d’abord inscrits, relayés, par l’écho qu’il a construit localement.

Ces actions locales des Soulèvements de la Terre peuvent correspondre à des enjeux locaux sur lesquels les comités décident d’intervenir selon la temporalité qui leur convient ou des campagnes d’actions décentralisées.

Ce changement, cette évolution du cadre d’action des Soulèvements de la Terre part d’un désir commun de renforcement de la pression, du rapport de force global, sur un certain nombre de thèmes, d’enjeux stratégiques, et d’intensification de la diffusion possible, de massification d’un certain type de gestes directement impactant (blocages, occupations, désarmements). A cette étape de l’histoire des Soulèvements de la terre, nous voulons miser sur la possibilité de la démultiplication locale de ces formes d’actions, de leur inscription dans une culture commune de résistance avec un maillage territorial dense et profond, mais aussi de maintenir – à un certain nombre de dates centrales dans l’année – le parti pris originel de fédérer des énergies à partir de choix collectifs du mouvement, pour provoquer des événements plus centralisés de basculement.  Au-delà et à partir de cette base, nous avons bien conscience que ce document ne répond pas à toutes les questions – aucune ‘charte’ d’action ne pourra jamais les résoudre toutes – et d’avoir encore plein de choses à inventer avec vous, de nouvelles formes à co-construire. Il nous reste à apprendre ensemble à tisser ces temporalités différentes, pour trouver, à chaque fois, autant que nous le pouvons, leur juste concordance : à articuler cette exigence de rupture avec l’éparpillement qui nous rend impuissants, cette nécessité de concentration politique de nos forces autour de grands instants basculants qui fut le pari de base – et doit rester une signature essentielle – du mouvement, avec une nouvelle exigence de construction de formes plus ‘déconcentrées’ d’actions, que rend possible la dynamique des comités.