TUNISIE : L’AGRO-INDUSTRIE FRANÇAISE RESPONSABLE D’UNE CATASTROPHE HUMAINE ET ÉCOLOGIQUE
Le collectif d’investigation Vakita vient de révéler avec Radio France que le géant français Roullier relache des tonnes de matières actives dans les airs et dans l’eau autour de l’usine. Ces rejets aux métaux lourds, particules chimiques, ou de gaz détruisent ou abîmant les vies humaines et non-humaines à tel point que le territoire a pris une allure apocalyptique.
Roullier est le leader français des engrais agricoles composés, c’est à dire contrairement à Yara spécialiste de l’azote, Roullier transforme aussi le phosphate et la potasse d’extraction minière comme ici en Tunisie pour compléter le besoin des plantes. À Gabès Roullier produit des compléments alimentaires phosphatés pour l’élevage industriel, à base donc de phosphate de mine. Quand Yara nourrit les plantes au gaz fossile, Roullier fournit les animaux en phosphate minéral.
Pour atteindre ce génie fabuleux, le complexe chimique rejette ses déchets directement en mer. Les quantité sont astronomiques : entre 10 000 et 15 000 tonnes de rejets par jour, soit environ cinq millions de tonnes par an. Zinc, Arsenic et Cadmium en concentration rare se mélange aux eaux autrefois riches en poissons, pouples et crevettes. Ainsi, le Cadmium, un des métaux lourds les plus cancérogènes, y est presque 900 fois supérieur au seuil maximal fixé par les autorités canadiennes, dont les normes sont considéré par Vakita comme plus rigoureuses que celles européennes.
La population locale subit elle aussi les émanations toxiques de l’usine qui ont des effets directs sur le quotidien : « Même si on ferme les fenêtres en hiver, l’odeur rentre et on se réveille dans un état critique. On a envie d’enlever nos vêtements tellement il devient difficile de respirer. Et pendant l’été, alors qu’on dort dehors, je me réveille souvent pour vomir à cause des gaz.” Mais aussi sur du plus long terme : “Gabès, c’est l’endroit de Tunisie où vous trouverez le plus de cas de cancers”.
Cette situation en Tunisie pourrait être le signe que nous ne nous battons pas uniquement contre une situation locale et contextuelle : partout dans le monde l’agro-industrie non seulement considère le vivant comme secondaire derrière ses objectifs de profit mais le menace physiquement. Le problème soulevé à Montoir trouve des échos dans l’histoire depuis la naissance de son modèle politique et partout dans le monde où celui-ci s’étend.
À Saint-Malo, site historique du groupe Roullier avec son usine TIMAC AGRO, des habitant.es locaux s’organisent depuis des années pour visibiliser et dénoncer les nuisances quotidienne de l’entreprise.
Si à Montoir Yara met en jeu la vie des habitant.es alentours ainsi que des ecosystèmes de l’estuaire, ou si à Saint Malo les nuisances olfactives et auditives sont minimisées par Roullier, il semble que ces mépris trouvent un sens et des réalités encore plus violentes quand il s’agit de pays anciennement colonisés comme la Tunisie. Roullier incarne ainsi le postcolonialisme industriel.
Nous exprimons toute notre solidarité avec les populations de Gabès et le collectif Stop Pollution et dénonçons les violences que ce système politique agro-industriel perpétue.
Nous pouvons nous passer de ces engrais capitalistes, de synthèse ou minéraux comme de l’élevage industriel. Ce monde productiviste et colonial n’a jamais fait ses preuves, débarassons-nous en !
Yara, Roullier, ni ici ni ailleurs !